Henri Marie Sévère DE BOISBOISSEL

– Né le 30 janvier 1876 à Guingamp,
– Fils de Charles Edmond Marie Hyacinthe DE BOISBOISSEL et Louise Marie Françoise HAMON.

– Décédé le 1er octobre 1915 à Souchez – Pas de Calais.

H BOISBOISSEL
Sous-Lieutenant Henri DE BOISBOISSEL

Extrait du livre « La commune de St Gilles-Vieux-Marché, Au Champ d’Honneur 1914-18 », écrit par la Comtesse de KERANFLEC’H, édité en 1920 :

« Henri Marie Sévère Comte de Boisboissel est né à Guingamp, le 30 janvier 1876. Engagé à 19 ans, le 20 avril 1895, au 14e Régiment de Hussards d’Alençon, il devint promptement sous-officier. A l’issue de ce premier engagement, il en contracta un second dans la cavalerie d’Afrique et fit partie en qualité de sous-officier de spahis de la colonne dirigée contre In-Salah, qui entraîna la prise de cette oasis, et lui valut la médaille coloniale avec l’agrafe Sahara.
Au début de la guerre, Henri de Boisboissel se trouvait, comme beaucoup d’anciens sous-officiers de cavalerie de sa classe (1894), versé dans un escadron du train des équipages, ce qui lui assurait une sécurité relative. Mais il sentait le besoin de se dévouer davantage et de donner l’exemple. Dès les premiers jours de son incorporation, il demanda à être affecté à un régiment d’infanterie et envoyé au front le plus tôt possible. En octobre 1914, il rejoint le 41e d’Infanterie coloniale, comme adjudant chargé du service du ravitaillement. Quelques mois se passent ; Henri de Boisboissel n’est pas satisfait encore, il ne peut voir sans émotion les pertes successives de ce beau régiment ; il réclame sa place dans la tranchée. Le Colonel, appréciant sa façon de conduire les hommes et de se faire aimer, veut le nommer sous-lieutenant.
Dans un régiment d’attaque comme le 41e Colonial, c’est la mort presque certaine, à échéance plus ou moins longue. L’ancien spahi n’hésite pas : il répond au Colonel « que célibataire et maître de sa personne, il croit de son devoir d’accepter ». Nommé sous-lieutenant à Pâques 1915, M. de Boisboissel prend le commandement du détachement de sapeurs du régiment, il garde ses fonctions, avec celles de porte-étendard, d’avril à septembre, dans le secteur de Montdidier. Entre le 20 et le 25 septembre, le 41e Colonial était brusquement transporté dans le Nord en prévision dé l’offensive générale qui se préparait sur tout le front. Envoyé en première ligne entre Vimy et Souchez, il subit sous des toiles de tente un effroyable bombardement de soixante-seize heures avant d’attaquer. Quelques minutes avant l’assaut, le Sous-lieutenant de Boisboissel fut grièvement blessé dans la tranchée et dut être porté au poste de secours par deux sapeurs.
Malheureusement, il fallait, pour atteindre ce poste, traverser le ravin de Souchez, dangereuse tourbière incessamment balayée par les tirs de barrage ennemis, et surnommé par les hommes le « ravin de la mort ». M. de Boisboissel et ses compagnons ne parvinrent jamais à destination, soient qu’ils aient été pulvérisés en route par un obus ou enlisés dans la tourbière. Dieu seul fut le témoin de leurs dernières souffrances et de leur cruelle agonie ; douloureuse circonstance qui ajoute au mérite et par conséquent à la récompense du chrétien et du soldat… Le soir du 1er octobre, le 41e Régiment d’Infanterie Coloniale comptait quarante-sept officiers tués ou hors de combat.

Le Sous-Lieutenant de Boisboissel a été cité en ces termes à l’ordre de la brigade :

« Officier d’un moral très élevé et d’une grande bravoure. Blessé mortellement le 1er octobre 1915 à Souchez en faisant vaillamment son devoir. »
(Ordre de la 7e Brigade d’Infanterie Coloniale.)

Un mois plus tard le Colonel du 41e Régiment d’Infanterie Coloniale écrivait à sa famille :

« Je connaissais le patriotisme de M. de Boisboissel et combien étaient élevés ses sentiments du devoir. Il avait la sympathie de tous… Le drapeau du régiment, pour lequel il avait un vrai culte, était bien placé entre ses mains. »
(Extrait d’une lettre du Lieutenant-Colonel Brousse, commandant le 41e Régiment d’Infanterie Coloniale, 15 Novembre 1915.)

Extrait d’une lettre du Capitaine Le Herroux :

« Combien je comprends votre anxiété pour l’avoir si longtemps partagée ! Je n’ai pu, hélas! obtenir aucune précision sur la fin de mon héroïque camarade. Tout laisse supposer qu’il a dû être tué par un obus en se dirigeant vers une ambulance. Blessé le 1er octobre, un peu avant l’attaque, à laquelle il devait prendre part à la tête d’une équipe de sapeurs, armés de cisailles, pour couper les fils de fer barbelés, il a été rencontré se dirigeant vers l’arrière. On ne peut savoir malheureusement par qui. Ce qui permet de croire qu’il a dû être tué à ce moment, c’est que les Allemands ont fait au moment de l’attaque un tir effroyable sur Souchez à coups de 210.
Or, il fallait traverser Souchez pour rejoindre les ambulances… Si on n’a pas retrouvé son corps, il ne faut pas être trop surpris, car les Allemands avaient inondé Souchez et beaucoup de cadavres ont pu disparaître dans les eaux, au moins momentanément.
Quel ami dévoué, sûr et plein d’allant j’avais là. Il aimait et savait commander à ses marsouins qui l’auraient suivi partout »
23 novembre 1915. »
H BOISBOISSEL Fiche

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *